"Faire cohabiter un étudiant à la recherche d’un kot bon marché et un senior en quête d’un peu de compagnie ? C’est le principe du logement intergénérationnel… Une expérience originale, solidaire et financièrement intéressante, qui favorise l’échange des savoirs, permet de lutter contre l’isolement et contribue à créer du lien social.
Le logement intergénérationnel est en plein boom, à en croire, par exemple, les chiffres de l’association 1 Toit 2 Âges, active à Bruxelles et en Wallonie. Le nombre de binômes « étudiant-senior » est passé de 50 à près de 500, en l’espace de dix ans. « C’est avant tout une aventure humaine, souligne sa directrice et cofondatrice, Claire de Kerautem. Grâce entre autres au bouche-à-oreille, ces expériences souvent enrichissantes et positives finissent par séduire plus d’étudiants et d’autres accueillants (des personnes âgées d’au moins 50 ans, mais majoritairement de plus de 70 ans, ndlr). »
Solidarité gagnante à tous les étages
De cette rencontre entre générations naît une véritable expérience win-win. Pour l’étudiant ? C’est d’abord une solution de logement financièrement intéressante. Mais pas uniquement… « Le prix attractif joue forcément un rôle déclencheur, surtout vu la qualité et la taille des habitations proposées. Mais, au fil des mois, le jeune découvre d’autres points positifs, en particulier sur le plan humain : des histoires partagées, des conseils offerts et un apprentissage mutuel entre des générations qui n’ont pas toujours l’occasion de se rencontrer. La réussite des études est également un élément central… Et nos étudiants ont souvent de bons résultats, entre autres grâce à une tranquillité qu’ils ne trouvent pas forcément en kot. »
Du côté des seniors, la formule permet de rompre la solitude, mais ce n’est pas le seul avantage. « Même si le combat contre l’isolement est primordial, 30 % de nos accueillants sont d’abord intéressés par l’échange avec les nouvelles générations. Dans certains cas, c’est simplement la volonté de remettre un peu de vie dans leurs quotidiens, après le départ de leurs propres enfants. C’est aussi parfois une façon de se sentir en sécurité ou encore un moyen de rester chez soi le plus longtemps possible. »
De la rencontre au matching parfait
L’association joue un rôle important dans la création d’un binôme susceptible de bien s’entendre. D’abord, au moment de la sélection individuelle des futurs cohabitants, et ensuite, dans le matching des profils. « Nous rencontrons tous les potentiels accueillants au domicile. L’occasion de vérifier l’état des logements, de cerner leurs attentes et besoins, mais aussi de veiller à une série de questions : s’agit-il bien d’un choix volontaire de leur part, leur état de santé est-il suffisant pour vivre l’expérience sereinement, etc. »
Après une interview individuelle avec l’étudiant, l’association s’engage à former les couples ou, dans certains cas, les trios composés de deux étudiants ou d’un couple de seniors. « Nous essayons de trouver des affinités, des intérêts communs ou des points d’accroche, mais aussi de faire en sorte que le lieu de vie ne soit pas trop éloigné de l’école ou de l’université. Et puis… c’est la rencontre ! Si on obtient deux “oui”, c’est parti pour 10 mois. »
Mais Claire de Kerautem et son équipe ne lâchent pas les binômes dans la nature. Des contacts réguliers aident à vérifier que la sauce prend. Sans oublier une série d’événements visant à créer une vraie « famille » : un dîner annuel, le prix du binôme du mois ou un congrès mondial organisé début 2019.
Comment ça marche ?
L’association 1 Toit 2 Âges propose deux formules au choix. La première inclut une participation aux charges de 180 euros mensuels, où l’étudiant s’engage à effectuer 5 heures de services par semaine. « Ce sont des tâches quotidiennes, telles que faire des courses, aller se promener, donner un coup de main informatique ou simplement prendre un repas ensemble. On a eu, par exemple, un monsieur dont le souhait était simplement de regarder un match de foot en compagnie de “son” étudiant… Tout cela est discuté au préalable avec l’accueillant et stipulé clairement dans la convention », explique Claire de Kerautem.
Dans la seconde option, l’étudiant verse un montant compris entre 180 et 300 euros par mois, uniquement en échange de sa « présence » dans la maison. Dernière précision technique : si le statut d’étudiant est bien entendu exigé, le jeune ne peut pas se domicilier chez l’accueillant, pour des questions juridiques et fiscales liées au statut d’isolé du senior. Autant le savoir..."
Nelson GS
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